DUOS POUR CORPS ET INSTRUMENTS

Pour DUOS POUR CORPS ET INSTRUMENTS, de Danièle Desnoyers, j’ai composé la musique, dessiné un système d’amplification et développé un générateur (simple) de sons.

Au cours de cette chorégraphie, trois interprètes participent à la création de l’environnement sonore. Jouant d’un instrument préparé, exploitant les phénomènes de rétroaction constitué d’un ampli de guitare et de microphones placés à différents endroits sur leurs corps, les danseuses-musiciennes improvisent des segments sonores en solo et ou en duo.

Un instrument et une attitude ont donné l’impulsion à cette création sonore: la guitare et l’esprit de rébellion associés au rock’n roll des années 60 et 70. Lors d’une de nos premières rencontres, Danièle Desnoyers m’a dit être inspirée par Patti Smith, sa liberté, son intégrité, son affranchissement. En plein travail de définition des aspects formels de sa nouvelle chorégraphie, Danièle disait qu’elle imaginait sans cesse une des danseuses, Siôned, jouant un solo de guitare à la façon de Patti Smith… Nous nous entendions pour dire que la guitare électrique était fascinante pas uniquement musicalement, mais aussi en tant qu’objet, et symbole d’une époque.

Pour DUOS POUR CORPS ET INSTRUMENTS, j’ai suggéré de créer l’environnement sonore en utilisant uniquement des extraits de solos de guitare des années 70 et début 80.

Je me suis intéressée à l’amplificateur de la guitare comme source sonore: les sifflements, les bourdonnements et les vrombissements sont devenus des éléments de compositions. Pour cette raison, j’ai enregistré en utilisant différents amplificateurs, cataloguant leurs différents bruits et textures.

Pour pousser le travail autour de la guitare électrique, j’ai développé un instrument à base de rétroaction pour les danseurs. La rétroaction faisait partie intégrante des solos des années 70 (voir entre autres Jimi Hendrix) les guitaristes s’approchant exprès de leurs amplis, utilisant systématiquement des pédales surmultipliant et jouant de la distorsion pour garantir un maximum de rétroaction à chaque performance.

Je n’ai pas inventé un nouvel instrument pour les danseuses : j’ai détourné une technologie existante de façon à générer l’effet Larsen.

Chaque danseuse était équipée d’un microphone. Comme microphone, nous utilisions de petits haut-parleurs que j’avais modifiés de façon à ce qu’ils deviennent des micros à haute impédance. Ainsi, nous avons pu expérimenter avec plusieurs petits microphones/hauts parleurs vu la quantité de modèles abordables disponibles en magasin (moins de 2$).

Chaque danseuse avait à sa disposition un microphone/haut-parleur, une pédale à hauteur, une pédale à distorsion et un amplificateur.

L’effet de rétroaction était produit et transformé par chaque danseuse selon qu’elle s’approchait ou s’éloignait de l’amplificateur. De cette façon, la danse et l’environnement sonore étaient étroitement liés. La pédale de hauteur servait à limiter les sons aigus discordants du feed-back en les rabaissant de 1 à 2 octaves.

Ces extraits montrent comment j’ai utilisé le sifflement de différents amplificateurs pour matérialiser un environnement sonore.

Source : grésillement de l’un des amplificateurs

Morceau terminé:

Cette production aboutit à l’enregistrement d’un CD intitulé Duo des aigus.